La nouvelle classe moyenne qui visait des résidences à Cocody se rabat désormais sur la commune de Yopougon où les loyers sont jugés plus abordables. Conséquence de l’arrivée de ces locataires « chocos »: la demande en logements gonflé
Abidjan. Trouver une maison à louer met tout citoyen face à un dilemme cornélien: se contenter de ses moyens et loger dans une bicoque ou faire de gros sacrifice pour accéder à un minimum de confort. Dans tous les cas, vous y perdrez un bon paquet d’argent.
Les appartements moyens (2 à 3 pièces) sont devenus rares. Les nouveaux opérateurs immobiliers misent plus sur les studios qui accroissent les revenus de location. Sur une emprise destinée à une maison de 3pièces, le propriétaire réussit à implanter trois studios de type américain, moyennant un loyer mensuel de 80 000 FCFA au moins par studio. Au total, il récolte 240 000 FCFA par mois. Avec une maison de trois pièces. Le loyer ne serait guère allé au-delà de 200 000 FCA.
Le changement de paradigme dans le cadre d’habitation a aussi joué dans la difficulté d’avoir une maison. La nouvelle classe moyenne qui visait des résidences à Cocody se rabat désormais sur la commune de Yopougon où les loyers sont jugés plus abordables. Conséquence de l’arrivée de ces locataires « chocos »: la demande en logements gonflé dans cette commune populaire, les prix des loyers ont aussi pris l’ascenseur. Une maison de deux pièces a aujourd’hui un prix moyen de 100 000 CFA par mois. Ce qui reste loin de la grille proposée à Cocody et à Bingerville.
Les autres demandeurs qui ont entrainé l’insuffisance de l’offre sont les déguerpis des grands projets d’infrastructures tels que le 4 e pont d’Abidjan. La construction de cet ouvrage qui va relier Yopougon et le Plateau a entrainé la libération d’emprises initialement occupées par des habitations. Plus de 1800 ménages sont touchés par l’opération de déguerpissement dans les quartiers Doukouré, Fromager et Nouveau quartier, rien qu’à Yopougon.
Ceux qui s’attendent à une baisse des coûts de location d’appartements risquent d’être déçus en raison de la tendance à la hausse des prix des matériaux de construction. Si les prix du ciment résistent à l’inflation, il n’en est pas de même pour le fer à béton et les équipements d’électricité par exemple. « Les prix sont passés du simple au double ces derniers mois », déplore une dame sur son chantier.
Le programme de logements sociaux lancé par le gouvernement ivoirien en 2012 visait la construction de 60 000 maisons pour des ménages à revenus modestes adossée à un budget 428 milliards de FCFA. Mais le projet n’a pas véritablement décollé. Les opérateurs nationaux qui ont bénéficié d’une « préférence nationale » lors de l’attribution des marchés ne se sont pas montrés à la hauteur du défi. A ce jour, à peine 5 000 habitats ont été réalisés sur l’ensemble de l’opération. Le ministre de la construction, Bruno Koné, envisage désormais de faire appel aux grands groupes étrangers de la construction immobilière pour sauver ce qui reste du programme.
C.C.