compteur de visite html
logo

Côte d'Ivoire: Hamed Bakayoko, le grand déchirement

image

Ham Bak, considéré comme l’un des plus fidèles dans le cercle rapproché d’Alassane Ouattara, s’est éclipsé au moment où son ascension vers la Présidence de la République semblait toute tracée.

Le premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko, a été inhumé ce vendredi en début d’après-midi  dans le caveau de la famille à Séguéla, après une prière qui a réunit une centaine d’imams. Epilogue d’une épreuve douloureuse imposée à la nation ivoirienne depuis le mercredi 10 mars, date du décès de ce grand serviteur de l’Etat, fidèle collaborateur du Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, qui a également fait le voyage dans chef lieu de la région du Worodougou.

Un baobab s’est éclipsé
L’homme de la première heure, le Golden Boy, l’étoile de l’Etat, l’ami des artistes…Ham Bak a fini par convaincre que Dieu seul préside au destin de l’homme et qu’un simple personnage politique, parti de rien, peut impacter positivement toute une jeunesse et changer la trajectoire de millions de personnes. Par ces actes, ce père de 4 enfants, avait été l’âme généreuse, le consolateur et le bon samaritain des personnes confrontées à des situations difficiles, parfois sans issue.

L’ultime séparation s’est faite dans la douleur, les larmes et même le déchirement. Jeudi soir, à l’arrivée de la dépouille à Séguéla, une foule d’admirateur a accompagné le cortège jusque dans la cour familiale. Là, les sanglots, les cris de détresse et les gémissements déchiraient la nuit.  

« Papa, tu nous a fait ça…» répétait une dame entre deux sanglots. «Merci, merci Hamed, va en paix », ajoutait un jeune homme qui refusait de s’approcher du cercueil. A Séguéla, comme à Abidjan, la générosité du député laissait tout le monde unanime.

Avant son inhumation plus de 100 imams ont présidé la prière mortuaire vendredi comme pour dire qu’Allah ne devrait pas lui refusait son paradis céleste..

Destin brisé
Ham Bak, considéré comme l’un des plus fidèles dans le cercle rapproché d’Alassane Ouattara, s’est éclipsé au moment où son ascension vers la Présidence de la République semblait toute tracée. Il avait remporté la «bataille de la vie», quand la mort a emporté Amadou Gon Coulibaly, initialement choisi par Ouattara comme son dauphin.

Sa nomination comme nouveau premier ministre, en juillet 2020, n’a pas beaucoup surpris. Ministre de la défense, député de Séguéla, maire d’Abobo (bastion du RHDP), Hamed Bakayoko devenait à 55 ans le Chef du gouvernement et la personnalité politique la plus capée dans l’équipe.   Aussi, le rare émissaire du Président Ouattara encore capable de se faire écouter par l’opposition.

«La fraternité, c’était ce qui nous unissait au-delà de nos différences, de nos divergences. Car si Hamed avait des adversaires politiques, il ne les considérait, jamais, comme des ennemis», a affirmé Pascal Affi N’Guessan, président du FPI qui était à la tête de la contestation de la réélection d’Alassane Ouattara à la présidentielle du 30 octobre 2020.

Ouattara, essoufflé
A la douleur de voir partir tour à tour deux «fils», succède désormais un danger pour le Président Ouattara, comme tous les leaders: le vide relationnel. Car Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko formait une sorte de dernier rempart d’assurance qui permettait au Chef de l’Etat d’effectuer à souhait des séjours hors du pays, sans crainte. Dans ses calculs, la nouvelle génération devait se préparer pour prendre le relai en 2025.

Il n’est plus besoin de débattre sur la possibilité d’un autre mandat pour cet homme de 79 ans. Sa candidature en 2020 a été forcée par le destin. Un « ultime sacrifice » pour le peuple ivoirien, comme il le dit. Physiquement affaibli et moralement effondré, M. Ouattara est face une montagne à gravir pour former un nouveau gouvernement et (pourquoi pas) préparer un nouveau dauphin. Vision prémonitoire, le gouvernement a décidé en début d’année d’aménager le calendrier de travail qui passe à un Conseil des ministres en quinzaine en lieu et place de réunions hebdomadaires. Il en faudra plus pour revoir Alassane Ouattara d’aplomb.

C.C.